Un rêve en eau pour 2100
Un documentaire de Thierry Gentet
Une coproduction Mira Productions / Les Films du Sud / viàOccitanie
Projections
Le film est projeté en avant-première à 19h le 18 juin 2025 au Museum d’Histoire Naturelle de Toulouse puis diffusé sur viàOccitanie les :
- vendredi 20 juin à 21h,
- dimanche 22 juin à 18h,
- jeudi 26 juin à 16h,
- samedi 28 juin à 20h,
- mercredi 2 juillet à 16h,
- vendredi 11 juillet à 19h.
Synopsis
C’est un voyage en compagnie des scientifiques français et américains qui ont contribué à la révolution océanographique et hydrologique depuis l’espace, de 1992 à nos jours.
Probablement l’un des plus grands succès de la science et de l’ingénierie spatiales. Un satellite révolutionnaire, SWOT, né en décembre 2022, nous transporte de fleuves en lacs jusqu’à l’océan. Le voyage commence dans le désert d’Arizona au chevet de la rivière San Pedro.
Au fil de l’eau, notre satellite propose la possibilité d’un nouveau récit : mieux protéger la planète bleue, se souvenir que des solutions existent face à la crise écologique et la gestion des ressources en eau.
Scénario, réalisation, montage Thierry Gentet
Image Alexandra Sabathé, Stephanie Figgins - Son Fabrice Gares, Fanny Ankri – Musique originale Jean-Pierre Soulagnet avec Edgard Ravahatra - Mixage Cyril Legrain - Etalonnage Saul Mêmeteau
Infographie 3D Rémy Parot - Traitements images et cartographie 2D Sébastien Gentet
Directeur de production : Pascal Bonnet.
Avec la participation de Nicolas Picot (CNES) et Manue Fleytoux (la journaliste)
Présentation
Un rêve en eau pour 2100 de Thierry Gentet, est un film documentaire à caractère scientifique, avec l’ambition et l’exigence de proposer une oeuvre grand public. L’auteur-réalisateur toulousain, Thierry Gentet a travaillé longtemps dans l’observation de la Terre par satellite, puis, en tant que réalisateur, a collaboré étroitement avec l’équipe de projet du satellite franco-américain SWOT. Ce film a une portée spéciale aujourd’hui, avec l’arrivée d’un gouvernement climatosceptique et réactionnaire aux Etats-Unis, qui s’applique à détruire tous les progrès réalisés dans la lutte pour la protection de notre planète ces dernières années. Revenant en arrière sur des projets importants, en annulant d’autres, en neutralisant les grandes agences environnementales et d'étude du climat , et en dénigrant la science source de progrès.
Le film montre au contraire comment le partenariat franco-américain sur SWOT est essentiel, au service de la protection de notre planète, pour mieux gérer les ressources en eau et comprendre les grands phénomènes océaniques.
par Claude Albanese
Un rêve en eau pour 2100 : un voyage au cœur de l'observation satellitaire pour préserver notre planète
Après Pioneers of Gaïa, L'Etoile d'Issyk-Kul et De l'Espace pour la Terre, mais aussi Quand La Garonne aura soif , la Camargue un radeau fragile le réalisateur de documentaires Thierry Gentet poursuit son exploration du rôle fondamental des satellites d'observation dans la compréhension et la protection de notre planète et autour de l’eau douce et des océans. Son nouveau film, Un rêve en eau pour 2100, nous plonge dans une enquête passionnante sur l'avenir de l'eau à l'échelle mondiale.
De la rivière San Pedro en Arizona au lac Ihotry à Madagascar, en passant par le mythique lac Issyk-Kul au Kirghizstan, ce documentaire se place à hauteur d'homme pour dresser un bilan des ressources en eau et explorer des solutions concrètes pour les préserver.
Les images satellitaires offrent un regard inédit sur les réserves hydriques mondiales et mettent en lumière les conséquences du changement climatique sur les fleuves, lacs et océans. L'objectif est clair : proposer des pistes d'économie, protéger la biodiversité et sensibiliser à une gestion plus durable des ressources.
Dans un contexte où certains pays reconnaissent une personnalité juridique à des entités naturelles comme les rivières ou les forêts, Un rêve en eau pour 2100 nous permet de s'interroger sur l'apport des satellites dans l'élaboration de nouvelles réglementations environnementales, au service de l'intérêt général.
Un des acteurs clés de cette révolution est le satellite SWOT (Surface Water and Ocean Topography), capable de cartographier avec une précision inégalée la quasi-totalité (90%) des eaux de surface de la Terre. Il est au centre du film. L'apport de SWOT sera crucial pour optimiser la gestion des ressources en eau, prédire les catastrophes naturelles (inondations, sécheresses), soutenir l'agriculture et garantir l'accès à l'eau potable.
Il sera aussi indispensable pour évaluer les impacts de la montée du niveau de la mer et de la recrudescence des tempêtes sur les zones côtières. Il permet enfin, grâce à sa résolution, une nouvelle vision des phénomènes océaniques en surface mais aussi en profondeur.
Malgré la baisse des budgets de recherche les données fournies par SWOT s'avèrent essentielles pour anticiper les crises de l'eau et développer des technologies innovantes.
Le film part à la rencontre des équipes qui participent à l'évaluation des algorithmes, à la validation et à l'intégration des données recueillies par le satellite. Grâce à leur implication, SWOT se retrouve au coeur d’une coopération internationale salutaire pour mieux comprendre cycle de l’eau et défis climatiques, et proposer des solutions.
A travers des témoignages très humains et des images spectaculaires, Un rêve en eau pour 2100 rappelle l'urgence d'agir et le rôle décisif que joue la technologie spatiale dans la surveillance et la préservation de notre bien le plus précieux : l'eau. A l’heure où plusieurs dirigeants de la planète remettent en question tout un ensemble de consensus scientifiques, l’enjeu est d’autant plus crucial.
Interview du réalisateur
Pourquoi peut-on dire que SWOT est-il un satellite clé pour l’avenir de l’humanité ?
Je ne dirais pas pour l’avenir de l’humanité. Ce serait donner un rôle trop important à cette étonnante machine complexe mais pour la gestion essentielle des ressources en eau et la connaissance de l’océan profond, oui il s’agit bien d’un satellite-clé.
Pourquoi ce film ?
J’ai réalisé ce film par conviction. Au-delà du catastrophisme ambiant, plutôt que d’annoncer la fin du monde, il est urgent de montrer que des solutions existent, les proposer et les mettre en pratique.
SWOT fait partie de ces solutions. Dans ces temps troubles où l’on nous parle de conquête et de tourisme dans l’espace, ce satellite a une tout autre dimension en aidant à comprendre et protéger notre planète. C'est cela que je voulais montrer, une note positive, à mettre au crédit de nos ingénieurs et scientifiques français.
En quoi votre film montre que l’investissement dans la recherche spatiale est essentiel non seulement pour l’avancée scientifique, mais aussi pour des enjeux immédiats comme la gestion des ressources en eau et la lutte contre le changement climatique ?
Je commencerai par la gestion des ressources en eau. Avec ce satellite issu de la recherche spatiale en coopération franco-américaine depuis plus de 40 ans, on a d’abord une révolution hydrologique . Il faut bien comprendre qu’avec le réchauffement climatique, même si la quantité d’eau de notre planète est constante, la part d’eau douce en surface est très faible, de l’ordre de 2% et qu’elle a tendance à diminuer au profit de l’eau salée, la meilleure preuve étant la montée du niveau des océans.
Or l’eau est essentielle et le réchauffement climatique apporte une tension sur cette ressource. Il faut donc bien connaitre la quantité d’eau disponible, évaluer ses variations et bien la gérer. On a au moins six millions de lacs et pour la plupart, on ne connait pas leur niveau et leurs variations. De même pour les fleuves. Pour la première fois, on va pouvoir mesurer, comprendre le niveau et les variations de plus de 90% des fleuves et des lacs. C’est prodigieux. Et, à partir de cette connaissance, sous réserve que les gestionnaires et les politiques fassent bien leur travail, on pourra mieux gérer parce qu’on sera mieux informé.
Pour les océans, c’est différent, on est encore dans la recherche pure et les océanographes nous disent qu’il faudra du temps pour tirer toute la quintessence des informations de SWOT. Imaginez que l’on vous dise : votre voiture consomme 7 litres et demain elle fera 0,7 litre . Quelle révolution ! Eh bien c’est pareil, la résolution est dix fois meilleure et donc les océanographes commencent à voir de manière globale des phénomènes océaniques qu’ils ne pouvaient voir avant. En particulier, les signaux à la surface qui proviennent des mouvements internes de l'océan.
On veut aller sur Mars, on atteint les limites du système solaire, on commence à identifier des exoplanètes mais on ne connait quasiment rien des profondeurs marines au niveau global. Incroyable.
Eh bien, avec ce satellite et ses successeurs, les océanographes sont persuadés qu’ils vont entrer dans une nouvelle ère de la connaissance, de la compréhension des mouvements internes, de la circulation océanique. C’est un champ immense des possibles qui s’ouvrent à la recherche océanographique.
On connaît l’importance des zones humides en matière de diversité biologique, d’apport d’eau douce, de recharge des nappes souterraines, la maîtrise des crues, l’atténuation des changements climatiques, etc. Quel rôle SWOT peut-il jouer pour prévoir leur évolution et inciter à leur préservation ?
Il faut poser la question aux hydrologues. SWOT, le satellite, voit tout ce qui brille et donc les zones humides mais c’est une observation compliquée. Où est l’eau ? Qu’est ce qui n’est pas de l’eau ? Il y a de nombreux artefacts et les traitements, notamment au CNES à Toulouse, progressent. Quand sera-t-il possible de bien identifier ces zones humides ? Là est la question !
Comment le satellite permet-il de comprendre les phénomènes d’érosion ?
Les scientifiques affirment que les phénomènes d’érosion proviennent de la montée du niveau de la mer et de la recrudescence des tempêtes. On a perdu en 40 ans sur 750 km de côtes françaises en moyenne plusieurs dizaines de mètres. Et le phénomène va s’amplifier. Cependant, comprendre le phénomène, le modéliser et le prévoir est très compliqué. Ca dépend de plusieurs facteurs inhérents à la côte : le relief sous-marin (la bathymétrie qui souvent évolue dans le temps), les courants marins et la structure de la côte elle-même. Avant SWOT, les satellites dédiés à l’océan ne pouvaient pas observer près des côtes à cause de la complexité des phénomènes et de leur résolution. Tous les scientifiques travaillant sur le littoral et notamment ceux que l’on a rencontrés en Normandie disent que SWOT permet l’observation près des côtes. Et donc, ils espèrent très vite pouvoir utiliser les données SWOT et mieux modéliser les phénomènes d’érosion. Mais évidemment, la mer monte, les tempêtes s’intensifient, on ne pourra que prévoir les dégâts potentiels et mieux adapter nos défenses, y compris s’adapter à la nature et envisager le recul stratégique.
Les champs d’investigation que SWOT a ouverts sont immenses : surveillance des zones humides, des côtes, des fleuves, rivières, lacs et océans… Ces domaines sont-ils entièrement définis ou le satellite réserve-t-il encore quelques surprises aux scientifiques ?
C’est encore une question pour les scientifiques. Mais tous ceux que l’on a rencontrés pour le film sont persuadés qu’avec ces nouvelles données, ils vont découvrir de nouveaux aspects, de nouvelles questions scientifiques et un champ de connaissances encore inconnu. Les jeunes océanographes qui débutent dans la profession et qui profitent du travail mené par leurs ainés depuis quarante ans ont du pain sur la planche jusqu’à leur retraite !
Grâce à SWOT, la communauté scientifique va sans doute emmagasiner des tas de données inédites en matière d’hydrologie et accroître son niveau de connaissances comme jamais auparavant. Après analyse, ces informations donneront-t-elles lieu à des préconisations, des recommandations ou des scénarios à destination des décideurs et des pouvoirs publics ?
C’est l’interrogation du moment. Comment les décideurs et les politiques utiliseront les données pour une meilleure gestion des ressources en eau ? Les scientifiques n’ont pas la réponse.
A l'heure actuelle, plusieurs gouvernements de par le monde remettent en question les consensus scientifiques, notamment dans la recherche sur le changement climatique et la prévision des catastrophes météorologiques. Quel est votre avis là-dessus ?
Le film aborde cette question dans l’exemple de la rivière de San Pedro en Arizona. Elle a été sauvée de l’assèchement grâce au travail des scientifiques du programme Salsa en 1998. Comme le dit Yann Kerr à la fin du film, tout le travail mené depuis des décennies peut être remis en cause par une décision politique. Soroosh Sorooshian, collègue de Yann, se veut plus optimiste. Il faut persévérer dit-il et leur montrer qu’ils se trompent… Mais lorsque le nouveau pouvoir arrivé aux Etats Unis se montre si extrême et incohérent, on peut en douter…